Her spine was steel. Her heart was armor. Her eyes were fire. —

Une brûlure, sur sa joue. Les halètements de son père. L'indifférence de sa mère. Aussi loin que remonte ses souvenirs, Sigrid ne se souvient que du froid. Des mains tatouées lui assénant des claques, et des mots acérés qui les accompagnaient.

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Sa première chasse. Jeune, encore. Brisée, déjà. Le vent dans les cimes et autour d'elle la présence dévorante de ses parents, de son clan. Les bêtes, ce n'est pas les animaux qu'ils s'acharnent à traquer. Ce sont ces gens.
Pourtant Sigrid chasse. En silence. Elle a compris que se taire était sa salvation, que d'obéir et subir voulait dire ne pas souffrir, ne pas mourir. Alors même si son âme décrépit à petit feu, elle continue.
La bête est là. Sigrid sent ses griffes sous sa peau, le désir ancestral qui envahit ses sens. L'animal résiste, l'animal hurle. Elle comprend sa détresse. Elle aussi est prise au piège.
Une main sur son épaule. Le regard dur de son père. Sigrid hésite. Elle ne fait rien.
Le coup n'est pas physique, cette fois. Les griffes qui se plantent dans sa chair, lui arrachent un hurlement silencieux, elle les connait bien. Ce n'est pas la première fois. Ce ne sera pas la dernière. Lorsqu'elle se relève, chancelante, son père sourit. La bête est là.
Alors Sigrid tue. Et avec elle, elle tue la dernière part d'enfance qu'il lui reste.

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Elle refuse de tuer à nouveau. Elle traque, elle pousse dans les retranchements. Mais ses griffes, elle les garde lovées contre elle. Une protection, une barrière entre elle et le monde extérieur.

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Son père l'a encore battue. Elle ne sait même plus pourquoi. Tous les jours il trouve une excuse, différente.
Alors Sigrid vadrouille. S'échappe. Sigrid court et s'envole, cherche du réconfort là où il n'y en a pas. Le pôle est froid. Pas comme ses parents. Mais il est froid quand même.
L'ascenseur s'arrête, et elle descend. Elle est perdue. Elle aime ça. Jusqu'à ce qu'elle entende le champ des oiseaux, et sente l'effluve des fleurs. Les jardins suspendus se dressent devant elle, un rêve éveillé. Ou plutôt une illusion. Quelque chose d'amer se retourne dans son cœur. Mais elle préfère l'ignorer.
Elle avance sans savoir où elle va. Elle laisse son esprit divaguer, lui aussi. Loin du carcan de son clan et de ses exigences, elle respire un peu mieux.
Une tape, sur son épaule. Immédiatement, Sigrid sent ses griffes faire surface. Mais elle se force à faire demi-tour, à sourire. Une adolescente charmante. La vieille dame rit.
- Es-tu perdue ?
Sigrid hausse les épaules. La voix de sa mère résonne à son oreille. La tance pour sa conduite. Elle s'excuse avec un hochement de tête, et une courbette.
- Il semblerait que oui.
La vieille dame lui sourit. Sigrid ne sait plus depuis combien de temps elle n'a pas vu de sourire honnête. Celui-ci réchauffe tout ce qu'il touche. Réchauffe son cœur, ou plutôt les morceaux qu'il en reste.
- Ne t'inquiète pas, tu retrouveras ton chemin bien assez tôt.
Une narcisse. La vieille dame dépose la fleur dans le creux de sa paume, son sourire intemporel toujours fiché sur le visage. Sigrid cligne des yeux. Observe la fleur. Hume son parfum. Sourit à son tour.
Lorsqu'elle relève les yeux, la vieille dame a disparu.

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Un jour, son père va trop loin. Ce jour-là, il la toucha pour la dernière fois.
Des bleus, sur sa figure. Des coupures, sur son corps. Une douleur permanente, lancinante.
Et au fond d'elle, brûlantes, des années de fureur réprimée, de doute accumulé. Le besoin de protéger le peu qu'il lui reste. Le besoin de se venger.
Les griffes surgissent. Sans répit. Sans merci. Alimentées par sa colère emmagasinée, par son cœur et son âme brisés, par cette innocence d'enfant qu'elle n'avait jamais pu conserver.
Elle a dix-sept ans. Ce jour-là, il la toucha pour la dernière fois.

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Elle vend son premier bouquet à la vieille dame. Lorsqu'elle entre dans le magasin, Sigrid pense être prise d'une vision. Des années après, son sourire n'a pas changé.
La dame ne lui dit pas son nom. Ne mentionne pas leur première rencontre. Elle se contente d'acheter son bouquet, mélange de narcisses et de roses jaunes, et de disparaître, comme elle l'a fait la première fois.

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- Sigrid, vous êtes sublime.
Un énième prétendant. D'un sourire sans conviction, Sigrid le remercie.
- Tout comme vos bouquets, d'ailleurs, ajoute un deuxième.
Sigrid suit son regard. Ses compositions ornent toute la salle. On s'arrête. On s'extasie. On murmure.
On l'aborde pour avoir un prix. A chaque demande, Sigrid a l'impression que c'est une partie d'elle qu'on lui requiert. Qu'on achète. Mais toujours elle sourit.
Derrière elle, un reniflement dédaigneux. Sigrid croise le regard d'une autre aristocrate, tirée à quatre épingles. Elle ne se souvient pas de son nom. Même pas de son clan. Une présence parmi tant d'autres. Identiques. Fatidiques.
- Difficile de croire que des mains de dragonnes soient capables de telles créations.
Le sarcasme n'est pas subtil. Mais Sigrid connait chaque recoin du froid qui s'insinue dans ses veines, savoure chaque pique comme une gourmandise. Avec son plus beau sourire, elle se tourne vers la jeune femme. Offre ses tatouages à sa vue.
- Malheureusement, mon don est médiocre. Je ne chasse plus depuis des années.
Dans un monde où toutes les vérités sont déformées, qu'est un mensonge de plus ?

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Son père ne la force pas à trouver un mari. Il ne la force plus à rien. Il ne s'approche même plus d'elle. Et les griffes de Sigrid sont aiguisées. Prêtes à frapper.

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Une nouvelle soirée. Des questions. Des félicitations. La valse perpétuelle des aristocrates. Sigrid s'est prise au jeu. Elle n'a pas eu d'autre choix.
Elle se fiche qu'on l'aime ou qu'on la déteste. Sa famille s'appuie sur son influence, et s'en contente, et plaire à la Cour est devenu un défi. Alors elle se pavane. Elle sourit. Elle amuse et se laisse amuser, tandis qu'au fond de son esprit, elle sent encore et toujours quelque chose de brisé.
Parfois son regard s'arrête sur un homme. Une femme. Dans son esprit reviennent ses rêves d'enfants. D'amis. D'amant. D'une vie confortable et vraie, loin des faux semblants du Pôle, et loin de sa famille et de son clan.  
Le feu brûle toujours en elle. Et malgré le froid du nord, elle ne le laissera pas s'éteindre.  

Te voilà validée, voyageuse !

Bienvenue sur le forum !

J’aime beaucoup le personnage de Sigrid, mais de toute façon, dès qu’il s’agit d’âmes torturées, je ne suis jamais très objective hehe ! Il me tarde de voir les interactions que cette Dragonne qui ne chasse plus aura avec ses cousins.

Il y a quelques coquilles : les deux codes postés en un message au lieu de deux, les majuscules manquantes aux mots clés tels que « Bêtes », « Pôle »… Rien de grave en soi, mais je te le signale tout de même.

Cela n’empêche en rien ta validation, alors il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne installation parmi nous, et de belles aventures sur notre Arche !


Nous te souhaitons officiellement la bienvenue au Pôle ! Tu possèdes désormais la couleur des aristocrates, félicitations ! Tu reçois 50 points de réputation, fais en bon usage.

Si tu le désires, tu peux ouvrir ton journal de bord pour y consigner tes futures rencontres et éventuelles aventures.

L'envie de rp te démange déjà ? Ouvre une recherche de compagnons de jeu ! Après tout, il est toujours utile de se faire quelques amis sur cette arche hostile.

Enfin, n'oublie pas de rejoindre le discord du forum. Il remplace la Chatbox, et te permet de rester connecté avec les autres membres et de créer des liens !

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