Ah ces nobles... (Wolf/Sélène)[FlashBack]

Wolf se promenait entre les invités, cherchant la prochaine conversation dont il pourrait se mêler. Il avait, comme beaucoup d'autres nobles, été invité à une des nombreuses fêtes de Samuel, un Noble au bras long.

Wolf avait donc accepté avec son entrain habituel qui plaisait tant aux nobles. En réalité, il n'appréciait pas le moins du monde la compagnie de Samuel mais comme il n'était pas l'invité principal de ce dernier, il n'avait eu qu'à lui faire la conversation quelques minutes, le temps réglementaire de politesse, et son hôte n'avait été que bien trop heureux de pouvoir passer à un autre de ses invités bien plus important que le jeune Nihiliste.

Wolf passait donc d'un groupe à l'autre, glanant des informations, alimentant des rumeurs et distribuant moult blagues et autres tournures de phrases amusantes. Et à présent, il ne savait plus où aller, il avait vu tous les nobles qu'il souhaitait voir ce soir là, et ne savait plus vers qui s'orienter pour se faire de nouveaux "amis".

Tandis qu'il contemplait la salle remplies de convives avec un sourire, il vit dans l'une de extrémités de la pièce un visage familier.

Byron, un noble replet à l’ego surdimensionné, haussait de plus en plus la voix face à une serveuse d'une trentaine d'année qui lui avait, selon ses dires, "renversé du vin dessus". Mais Wolf savait bien que, selon toute probabilité, il n'en était rien. Le connaissant, le noble lui était sûrement rentré dedans lui même, peut-être même l'avait-il fait exprès. Et maintenant, il tirait partit de sa position pour humilier la servante devant les regards moqueurs des autres nobles.

Wolf observa quelques instants la scène, jugeant l'implication de la servante et de son degré d’honnêteté potentiel.
Au bout un moment, il décida qu'il en avait assez vu, il se ferait peut-être un ennemi de Byron en faisant ça, mais son instinct lui disait qu'il ne le regretterai pas.

Sélène se reposait dans sa petite chambre, ce soir serait son dernier service lors une réception de la Citacielle. Après elle entrerait au service d'Izaya.
Il restait encore une heure avant qu'on ne la sonne pour la fête donnée par Samuel, le temps nécessaire pour enfiler sa livrée, se coiffer et partir avant que son horloge ne la rappelle à l'ordre.

Quand elle arriva au lieu de la réception, le maître d'hôtel finalisait les détails de l'organisation. Les autres serveurs et serveuses sont arrivés peu de temps après.
Les consignes étaient simples, les mêmes que d'habitude : que les verres soient toujours plein, les tables pleines de victuailles et se faire le plus discret possible.

Les nobles commençait a arriver, la musique était déjà en route, les mets étaient appétissants. Tellement plus que ce qui leur était servis dans les cuisines des domestiques.

Les verres étaient toujours plein, les invités commençaient aussi à l'être, comme à l'accoutumé lors des réceptions de la Citacielle.
Sélène naviguait entre les convives telle une patineuse artistique, son expérience l'avait rendue imbattable en esquive d'hôtes titubants.
Ce soir, cependant, serait l'exception qui confirme la règle.
Le noble Byron lui rentra délibérément dedans, lui faisant renverser son plateau de verre de vin sur lui, un peu et sur elle, beaucoup. Elle connaissait bien cet énergumène, monnaie courante lors des fêtes, c'était un petit jeu entre noble pour savoir qui marquerait le plus de point. Le but : humilier et faire pleurer le plus de domestiques.
Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas été victime, au début elle se faisait avoir, mais plus maintenant, surtout pour son dernier service.
Cependant ce soir aussi, elle jouerait. Elle tiendrait bon devant ce Byron.

D'une voix forte, Byron dit
« - Pauvre gourde ! 
  - Je suis désolée Monsieur», lui dit-elle d'une petite voix en baissant les yeux.
"  - Vous êtes désolée de m'être rentrée dedans m'aspergeant de TOUS vos verres de vin ! Je l'espère bien petite idiote !
Sélène savait que Byron jubilait, cependant, elle n'avait pas dit son dernier. Elle leva la tête le regarda et dit d'une voix claire :
«  - Je suis vraiment désolée monsieur, si vous permettez, je vais vous aider à changer de tenue. »
Elle savait que cela énerverait ce noble. Elle attendait sa réponse. Quand Byron tourna sa tête, car un jeune noble, difficile à ne pas remarquer avec ses oreilles et sa queue de loup, arrivait vers eux.

Wolf se retint d'afficher un sourire malicieux et commença sa petite comédie.

Il attrapa un verre de vin sur un plateau sans s'arrêter, prit une gorgée et commença à tituber vers Byron d'un pas peu assuré.

Il agrippa le noble par l'épaule, s'appuyant de tout son poids sur lui, renversa un peu de vin sur le sol et éclata d'un rire tonitruant qui attira bon nombre de regards sur eux.

- Hahahahahahahahahaha !!! Byron vous êtes vraiment trop drôle ! Mais allez-y mollo, je sais que vous avez la réputation de traiter vos serviteurs avec la plus grande gentillesse, mais cette charmante femme n'est peut-être pas au courant ha ha ha ha ha !
Wolf tourna son regard faussement enivré vers Sélène et dit :

- En plus il me semble vous avoir déjà vu ici et là non ? Vous êtes toujours irréprochable ! Ha ha ha ha ha ha ! Il est vrai que vous les serviteurs n'avez pas le même sens de l'humour que nous autres mais bon dieu Byron ! Vous savez vers qui vous tourner pour que vos blagues soit vraiment les plus hilarantes possible ! Ha ha ha ha ha ha ha !

Et voilà. En un instant, chaque regard moqueur se changea en regard compatissant envers le si prévenant Byron qui prenait soin de ses serviteurs. Le noble trembla d'abord de colère, mais à mesure que le jeune Nihiliste laissait couler les mots hors de sa bouche, sa respiration se fit moins hargneuse et plus saccadée, à présent, il ne pourrait plus maltraiter ses serviteurs ni aucun autre sous peine de voir sa toute nouvelle image détruite et son nom sali. Il se mit alors à rire, d'abord mal à l'aise, puis bien vite, avec plus d'entrain et dit :

- Ha ha ha ha... C'est... C'est vrai ! Veuillez me pardonner, je pensais que vous comprendriez tout de suite ! Ha ha ha...

Puis, après une petite accolade avec Wolf, le noble s'en alla un peu plus loin et recommença à parler d'un autre sujet avec d'autres convives.

La foule se dispersa tandis que Wolf riait doucement comme un ivrogne, affalé sur un canapé à côté de Sélène. Au bout d'un petit moment il se leva, fit semblant de manquer tomber, se rattrapa au dernier moment et dit aux convives restés à ses côtés qu'il se sentait fatigué et qu'il allait se reposer quelques heures dans une chambre d'amis.

Et enfin, passant à côté de Sélène, il feint de tomber, se rattrapa à son épaule et lui murmura à l'oreille d'une voix tout à fait claire et distincte :
- Je m'excuse pour le comportement de mes semblables, il vous entraînent dans un jeu auquel vous ne pouvez que perdre, mais sachez que, même si nous sommes tous des hypocrites, nous ne sommes pas tous pourris jusqu'à la moelle pour autant et auraient bien besoin d'amis comme vous. Maintenant si vous voulez mon avis, vous devriez aller vous changer, vous empestez le vin.

Il lui pressa brièvement l'épaule, comme pour lui faire un clin d’œil invisible et s'écarta d'elle en rigolant. Puis s'en alla en titubant vers une pièce où il pourrait être tranquille, et, dans quelques heures, il reviendrait, prétendant d'avoir quelque peu décuvé son vin et reprendrait une soirée normale. Mais en attendant, si elle le voulait bien, il aurait tout le loisir de discuter avec la servante qui avait tenu tête à Byron à l'abris dans la chambre dimensionnelle dont il avait indiqué la direction dans le petit papier qu'il avait glissé dans la poche de Sélène.

L'intervention de ce jeune noble surpris Sélène. Elle ne savait plus comment réagir, mais ne laissait rien paraître, pour peu que ce soit un nouveau jeu...

Mais ce que le jeune homme lui avait murmurer à l'oreille la rassura quelque peu. Elle suivit son conseil et alla dans une pièce attenante à la salle de réception, réservée aux domestiques. Dans cette pièce y était entreposée les livrées de rechange, chaque domestique devait prévoir de quoi se changer, car il était hors de question qu'un domestique continu à servir s'il avait une tâche, aussi minuscule soit-elle.

En enlevant sa tenue, Sélène fit tomber un papier au sol. Elle le prit et le lu. En lisant le papier, elle comprit qu'il provenait du jeune noble, il avait signé le papier, elle savait désormais qu'il s'appelait Wolf, elle aurait dû s'en douter vu la tenue de celui-ci.
Sur le papier, des indications pour se rendre dans une des chambres dimensionnelles de l'ambassade.

Sélène prit un plateau de verres remplis à ras-bord et traversa la salle en vérifiant que le maître d'hôtel ne la regardait pas et partie dans la direction écrite sur le papier de Wolf.

Elle arriva devant la porte et frappa 3 coups secs. Elle avait hésité, mais elle avait une bonne intuition.

- Entrez !

Sélène entra dans la pièce et Wolf se leva du fauteuil dans lequel il était assis. Il considéra un instant la servante, la femme était clairement une personne fière et probablement droite. Mais ça, il devait encore en juger.

- Je vois que vous vous êtes changée, tant mieux, le vin ne vous va pas très bien ! Fermez voulez-vous ? Nous serons plus tranquille si n'avons pas à craindre d'êtres entendus ! dit-il en lui lançant la clé de la pièce.

- Gardez la ! Considérez ça comme une preuve que vous n'avez rien à craindre de moi ! dit-il tandis qu'il versait deux verres de vin pour lui et son invitée.

Il n'avait pas mentit lorsqu'il avait déclaré l'avoir remarqué dans plusieurs fêtes, en cherchant bien dans ses souvenirs, la femme lui paraissait souvent être la plus professionnelle de ses collègues. Et la voir tenir tête ainsi à un noble alors qu'elle devait entrer au service d'Izaya dans les prochains jours avait achevé de titiller la curiosité du jeune Nihiliste. Qui donc était cette femme qui avait su voir en Izaya ce qu'il avait vu lui aussi et qu'Izaya semblait avoir vu en elle ? Et surtout, accepterait-elle de devenir son amie à lui aussi ? Les personnes réellement dignes d’intérêt se faisaient rares au Pôle, et Wolf se faisait une mission de les trouver et de s'en faire des amis. Après tout, on a toujours besoin d'un ami, et pas d'un de ces nobliaux vicieux prêt à s'égorger pour une audience auprès de l'Esprit De Famille. De plus, la politesse était une vertu moins poussée à l'extrême chez les serviteurs, ce qui les rendait à peu près normaux aux yeux de Wolf.

- Nous n'avons pas étés formellement présentés. Je me prénomme Wolf, et vous belle et professionnelle servante ?

Sélène, toujours dans l'entrée, serra fort la clé.
Elle avança un peu et dit :
- Je m'appelle Sélène, Monsieur.
Elle ne savait pas ce qui l'attendait, elle jaugea son interlocuteur et demanda :
- Monsieur, puis-je savoir pourquoi vous avez tenu à me voir ? Je me doute que vous ne me voulez pas de mal, mais j'aimerais connaître de but de cet entretien.

Wolf considéra la femme un instant avec un sourire joueur, puis, il s'avança vers elle, la dépassa et regarda dans le couloir. Personne.

- J'aimerais parler à quelqu'un d'intéressant, voilà tout. Et, à moins d'être dans une chambre verrouillée, je ne peux pas être certain qu'on ne nous épie pas. Et puis comme ça vous auriez le droit de poser ce maudit plateau sans êtres sanctionnée.


Il regarda de nouveau dans le couloir, toujours personne.

- Et surtout, j'aimerais avoir l'occasion de côtoyer la personne qu'Izaya a cru bon d'engager à son service.

Sélène ferma la porte et donna un tour de clé, afin de verrouiller la pièce et pouvoir discuter tranquillement avec Wolf.
Elle posa son plateau sur le guéridon près de la porte, avança jusqu'au canapé en observant la pièce. C'était le première fois qu'elle se retrouvait dans une des pièces de l'ambassade, elle inspirait une atmosphère sécurisante.

Elle se tourna vers Wolf :
- Très bien. J'aime également avoir des discussions avec des personnes intéressantes. Puis-je m'asseoir dans le fauteuil, avant de commencer ?

Wolf découvrit les dents dans un large sourire, la serveuse se révélait déjà être l’événement le plus 'intéressant de la soirée.
Il écarta les bras sans cesser de sourire, englobant la pièce.

- Voyez-vous un autre noble ici ? Mais dîtes moi, avez vous déjà pu profiter du confort d'un telle pièce ?

Sélène avait rarement un si beau sourire, enfin un vrai sourire, sans coup fourré derrière. Elle sourit également :
 - Non, monsieur et sauf s'il se cache derrière les rideaux, il n'y a que nous.

Wolf eut un petit soupir de soulagement, rassuré de voir que la servante et lui étaient sur la même longueur d'onde.

Il revint vers la table où il avait versé deux verres de vin et en apporta un à Sélène.

- Dîtes moi, avez-vous jamais goûté à ces vins que vous servez ?

Sélène prit le verre de vin.
- Une fois seulement, un noble qui m'avait jeté son verre de vin au visage pour une raison encore inconnue aujourd'hui. Ceci dit je n'avais pas aimé à l'époque, mais mes goûts ont peut être changé.

Wolf eut un petit rire et dit :

- Ha ha, c'est vrai qu'il est toujours plus agréable de boire le vin en tenant sois-même le verre.

Il observa de nouveau la serveuse et dit :

- Bon alors dîtes moi, qu'à donc vu Izaya en vous ?

Sélène se sentait en confiance. Elle s'assit dans un des fauteuils, autant en profiter, elle ne savait pas quand elle aurait la chance de pouvoir à nouveau poser son séant dans un de ceux de la Citacielle, prit une gorgée de vin.
Elle ne put retenir un "hum" de satisfaction. Elle en prit une deuxième avant de commencer :
 - Il est délicieux. Concernant Izaya, je pense qu'il a vu en moi quelqu'un de droit dans ces bottes, j'aime aider les autres sans attendre un retour. J'ai envie d'apporter un peu de bienveillance dans ce monde où tout n'est que manipulation ou presque.
Et vous, qu'avez-vous vu ?

Wolf se leva vivement de son siège où il venait à peine de s'asseoir et prit la main de Sélène pour l'embrasser théâtralement.

- Les esprits soit loués j'en ai trouvé une autre ! Ah et pour vous répondre... Commença-t-il en se rasseyant

- ... Je n'ai pas eu le temps de voir grand chose d'autre qu'une serveuse fière couverte de vin tenant tête à sa manière à un noble pourri gâté. Ça couplé au fait que vous allez entrer au service d'Izaya a suffit à me mettre la puce à l'oreille.