Dans les rues étriquées et usées par le temps, tout semble tranquille.Mais dans l’ombre des ruelles, une rumeur se murmure. Elle se glisse, sordide, perfide, dans l’âme des malavisés, et fait frémir les cœurs tendres. Avide de reconnaissance, le bruit se propage ; bientôt tout le monde sait que tapi dans la pénombre, un monstre se cache. D’aucuns parlent d’une alliance entre les clans, d’une rébellion sans précédent qui gronde sous les masques doux de la cour. Et puis soudain, les affichettes balafrent les murs :

« Avis à l’Ambassadeur. Le sang sera le prix de vos crimes. »

Dans les rues étriquées et usées par le temps, tout semble tranquille. Pourtant, l’air est différent ; car au-delà des complots, se prépare la guerre.
Des siècles plus tôt, la déchirure fit voler l'ancien monde en éclats. Ces éclats formèrent des îles flottantes, suspendues dans les cieux. Les derniers survivants s'y retranchèrent, baptisant ces nouveaux territoires habitables sous le nom d'Arches. Elles furent gouvernées par les Esprits de famille, d'étranges êtres immortels à la beauté inhumaine, aux origines mystérieuses et aux pouvoirs surnaturels, qui s'unirent aux rescapés du cataclysme pour fonder un nouveau peuple auquel ils transmirent une partie de leurs pouvoirs.

Il existe désormais vingt-et-une arches majeures et cent-quatre-vingt-six arches mineures, disloquées et pourtant unies dans leurs déplacements, se mouvant au même rythme monotone autour du noyau de l'ancien monde, comme si elles continuaient de former un seul et même corps céleste.

Perdue dans le froid et la neige se cache l'arche du Pôle. Gouvernée par Farouk, le maître des esprits, elle est connue pour son climat austère et ses conditions inhospitalières. De toutes les arches, le Pôle est celle qui possède la pire réputation. Loin de s'apparenter à une famille, à l'image des autres, ses habitants y forment des clans, qui se déchirent entre eux sans la moindre pitié. Ses territoires sont sauvages, peuplés de Bêtes, créatures titanesques aussi imposantes qu'effrayantes.

Là où les nobles, descendants de l'Esprit de famille, se complaisent dans le tissu d'apparences duquel ils se drapent, les sans-pouvoirs courbent l'échine pour survivre et en leur sein, le tension monte. Une rébellion se prépare.